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J'Arrive à Toi

by Carla Bruni, 2010

(This is beautiful poetry, so take it as it moves you.  For me, 

and from watching her video of this, it seems to be about

the process of making of art.)

 

J'arrive au port les mains vides,

J'arrive au soir sans compter

et à chaque matin avide, il me faut recommencer

J'arrive au front sans sagesse,

J'arrive à l'age sans raison

c'est sûr qu'on vit de justesse, c'est sûr qu'on vit sans façon

 

J'arrive à toi par miracle, après de longues années,

après des siècles d'obstacles

et des lundis, des lundis tristes à pleurer

 

Je n'arrive à rien qui console, je n'arrive à rien qui prétend

Je n'arrive à rien qui s'envole, à rien qui défie l'temps

et s'il arrive qu'une étoile sur nous se penche un instant

C'est sûr que la vie nous dévale,

c'est sûr qu'elle nous entreprend

 

J'arrive à toi par miracle, après de longues années,

à consulter les oracles et à guetter,

à guetter l'inespéré

 

J'arrive du Nord de l'Irlande

J'arrive au creux d'une vallée

J'arrive droit de Samarcande

J'arrive des Indes poivrées

 

Et s'il arrive qu je chante, que je me laisse emporter

C'est sûr que la vie nous tourmente,

c'est sûr qu'on goûte au regret

J'arrive à toi par miracle, après de longues années,

Après l'enfance grisatre et la jeunesse, et la jeunesse endiablée.

 

I start at the port hands empty, 

I arrive at night without counting (on anything)

And each morning eager, I start again.

I start head-on without wisdom

I arrive of age without reason

It is sure we live justly, it's sure we live without artifice.

 

I arrive at you by miracle, after long years

After centuries of obstacles

and Mondays, Mondays sad enough to cry.

 

I begin at nothing that consoles, nothing that pretends

I start with nothing that flies, at nothing that defies the times, and if it happens that a star inclines towards us for an instant, It is sure the life will throw us down,

It is sure she'll launch us.

 

I arrive at you by miracle, after long years

consulting oracles and watching out for,

watching out for hopelessness

 

I begin north of Ireland

I arrive in the hollow of a valley

I start right of Samarkand 

I arrive at peppery India

 

And if I begin to sing, that I let myself be taken away

It is sure that life tourments us, 

It is sure one tastes regret

I arrive at you by miracle, after long years,

After a grey childhood, and a youth, a wild youth.

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